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Le Recueil Factice
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Focus espaces 1 : Muntpunt, à Bruxelles

Nicolas Beudon
Il y a quelque temps, j'avais publié sur ce blog une série de billets intitulés "focus merchandising" avec des études de cas qui ont ensuite été intégrées dans mon livre Le Merchandising en bibliothèque. Je vais procéder de la même manière pour parler de bâtiment, d'aménagement intérieur et de mobilier. Voici mon premier "Focus espaces".

Pour commencer cette série, je vais vous parler d’une bibliothèque belge baptisée Muntpunt que j’ai visitée en juin 2022 à l’occasion d’une formation que je donnais à Bruxelles. 

Il s’agit d’un exercice de bibliotourisme : j’ai recueilli des informations avant et après ma visite, j’ai lu le règlement intérieur et le projet d’établissement, mais l’essentiel de mon propos découle de mon expérience de visiteur. Je compléterai mes observations avec des commentaires concernant les principes de design qui sont mis en œuvre. Je terminerai en soulignant quelques points intéressants à transposer dans les bibliothèques françaises. 

Le billet est illustré avec mes photos, complétées par une ou deux images glanées en ligne, notamment dans cet album FlickR de Charlotte Henard.

Une bibliothèque néerlandophone à Bruxelles

Muntpunt est une initiative de la Commission communautaire et du gouvernement flamands. L’établissement, qui a ouvert en 2013, est un lieu d’information et de rencontre, une plateforme pour les institutions, les associations et les personnes néerlandophones à Bruxelles. Plus largement, Muntpunt se définit comme « le point de départ de tous les esprits curieux » (« Het startpunt voor nieuwsgierige geesten »).

Une chose m’a frappé lors de ma visite et m’a donné envie de rédiger ce billet : les bibliothèques francophones de Bruxelles ressemblent aux bibliothèques françaises, avec certes des problématiques qui leur sont propres (de gestion des collections, d’espaces, de budget, de personnel, etc.), mais on sent une culture professionnelle assez proche de la France. Au contraire, Muntpunt correspond à un autre modèle, que les néerlandophones qualifient parfois de « bibliothèque d’expérience » (« beleefbibliotheek« ).

La conception du lieu est fortement marquée par cette philosophie qui s’est développée depuis les années 2000 aux Pays-Bas, et dont la bibliothèque de Smallingerland (2001) constitue l’un des premiers prototypes. La Nouvelle Bibliothèque d’Almere (2010), dont j’ai déjà parlé, est un autre jalon important dans la diffusion de ce concept.

Observons de plus près le lieu pour tenter d’en cerner les spécificités.

Le bâtiment et son rez-de-chaussée

La bibliothèque se situe sur la place de la Monnaie (« Muntplein » en néerlandais), en plein cœur de Bruxelles, à quelques mètres du Théâtre Royal de la Monnaie et du métro de Brouckère. La place est grouillante de vie et entourée de commerces. Le bâtiment de 10 000 m2, avec ses grandes baies vitrées qui rappellent les vitrines avoisinantes, se fond parfaitement dans l’environnement.

Pour créer ce nouveau lieu, l’agence B-architecten a connecté trois édifices plus anciens : un immeuble de bureau des années 70, une bâtisse du 19e siècle et une maison située entre les deux. La hauteur sous plafond des anciens bureaux (2,6m) n’était pas suffisante selon les architectes pour une bibliothèque d’expérience. Ils ont donc choisi de supprimer des planchers afin de doubler les volumes dans certaines zones. Le résultat est très réussi : la circulation verticale est fluide, on navigue grâce à de grands escaliers entre les étages et les mezzanines, avec des perspectives qui s’ouvrent vers les niveaux inférieurs et supérieurs, ou au contraire qui se contractent pour créer un sentiment plus intime.

Vu de face, le bâtiment est composé de deux blocs superposés : un socle vitré légèrement en retrait au rez-de-chaussée et le corps du bâtiment par dessus, dont la façade est rythmée par des fenêtres. C’est un schéma classique baptisé « modèle à 2 niveaux » par l’architecte Luigi Failla (Du livre à la ville, Métispresse, 2017). Dans ce type de configuration, le rez-de-chaussée est souvent largement ouvert sur l’espace urbain, il est réservé à des services (accueil/inscriptions, prêt/retour/réservations) ou à des fonctions (telles que la sociabilité ou la restauration) qui sont plus dynamiques que dans les niveaux supérieurs. C’est bien le cas à Muntpunt.

Le Grand café, qui est installé  au fond du bâtiment, dispose d’une terrasse installée juste devant l’entrée. On trouve au rez-de-chaussée (baptisé « l’agora ») un grand comptoir d’information (où l’on peut également acheter des cartes postales et des goodies). Les réservations en libre-accès et le retour automatisé des documents se situent un peu plus loin. Il y a beaucoup de tables et de chaises déplaçables à cet étage, dans un esprit cafèt, avec la presse à proximité. Des méthodes de langues sont localisées à côté d’un espace consacré à la promotion de la culture flamande. Cette zone abrite un second comptoir plus petit, destiné à obtenir des renseignements sur la vie bruxelloise.

Un espace multifonction

La bibliothèque se veut multifonction. Elle abrite plusieurs salles réservables :

  • une salle des fêtes (90m2),
  • un « salon littéraire » (70m2),
  • un auditorium (70m2 et 49 places)
  • 3 salles de réunions (15, 25 et 57m2 et pour un effectif de 15 à 20 personnes).

Je n’ai pas visité ces espaces qui se concentrent dans la partie 19e siècle du bâtiment (des photos sont disponibles ici).

Je me suis contenté de déambuler dans les zones en libre accès qui sont elles-aussi polyvalentes. Conformément au modèle des 4 espaces, d’origine scandinave mais complètement assimilé aux Pays-Bas, l’aménagement intérieur de la partie bibliothèque est conçu :

  • pour présenter des collections de façon inspirante,
  • pour étudier et travailler,
  • pour se retrouver entre amis,
  • et pour participer à des activités.

Des sous-zones dédiées à des usages spécifiques sont disséminées dans la bibliothèque :

  • un studio de création musicale (fermé lors de ma visite mais visible derrière une fenêtre),
  • un espace de loisirs créatifs pour les enfants (situé dans un local vitré),
  • une zone de jeu vidéo ouverte mais un peu à l’écart de la circulation,
  • une petite pièce pour l’heure du conte localisée dans un recoin qui a été isolé avec des rideaux,
  • une grande salle de travail au calme comportant 90 places dont 60 avec un ordinateur.

En remplacement du fonds de 25 000 CD récemment désherbé, le dernier étage, rebaptisé « de Grid », a été rénové en 2021 pour devenir un makerspace de 300m2, avec du mobilier sur roulettes, des murs d’écriture, un fond vert, des rideaux permettant de s’isoler, des ordinateurs en libre accès… Un panneau indique qu’il est possible de faire du bruit à cet étage.

Lors de ma visite, une scène était également en cours de montage au rez-de-chaussée.

Cette profusion de sous-espaces plus ou moins ouverts mais toujours bien visibles est assez différent de l’usage traditionnel dans les médiathèques française, où les différentes fonctions sont souvent nettement cloisonnées, notamment les espaces de collection et les espaces d’animation.  

Le choix du cloisonnement est commode pour le spectacle vivant, qui nécessite une isolation acoustique et visuelle, mais il présente des inconvénients pour d’autres formats plus interactifs. Dans les formations ou les ateliers où les usagers doivent être actifs et créatifs par exemple, l’absence de visibilité peut être intimidante : le public peut être réticent à franchir la porte d’un makerspace ou d’une salle de formation s’il ne peut pas voir comment se déroule un atelier, observer un peu en simple curieux avant d’aller plus loin. Pour les expositions, le cloisonnement est tout simplement suicidaire (de mon point de vue) : les expos s’usent vite dans un lieu d’habitudes comme une bibliothèque où l’on vient et où l’on revient fréquemment (contrairement à un musée). Même lorsqu’elles sont de qualité, les usagers ont tendance à s’en détourner rapidement. Créer une galerie dédiée uniquement aux expos accentue encore plus ce phénomène.

L’identité visuelle, l’affichage et la signalétique…

Chaque étage est identifié à l’aide d’un discret code couleur repris par le mobilier. J’ai apprécié la sobriété et la clarté de la signalétique.

Des écrans dynamique sont utilisés pour diffuser des informations. Il n’y a pas d’affichage sauvage, pas de feuilles A4 scotchées sur les murs ou les meubles, pas de vilain tableau d’affichage débordant d’informations. La bibliothèque précise d’ailleurs dans son règlement intérieur qu’elle n’accepte pas les affiches venant de l’extérieur. Même lorsque les bibliothécaires ont ajouté après coup des informations ou des messages, cela a été fait très proprement.

L’identité visuelle est colorée, sobre et moderne. Le style des illustrations est clairement inspiré du système Alegria de Facebook, copié par un peu tout le monde en ce moment. Ce n’est pas très original mais cela donne le sentiment d’un lieu au diapason de l’air du temps.

Les collections et le merchandising

Les collections sont classées de façon assez traditionnelle, mais on sent un effort pour rendre plus facile d’accès la classification décimale avec l’introduction de pôles et de catégories thématiques. Les albums jeunesse utilisent le classement ZIZO utilisé aux Pays-Bas et en Flandre, basé sur des couleurs et des pictos. La littérature est classée par genres. J’ai surtout noté l’existence d’un fonds « young adult », un terme que les bibliothécaires français rechignent souvent à utiliser (préférant des termes obscurs comme « littérature passerelle ») alors qu’il est largement employé par les amateurs de ce genre. 

Il y a beaucoup de facing dans les rayonnages et chaque zone ou sous-zone a sa table de présentation avec une sélection thématique. Les tables (généralement du mobilier sur mesure) sont bien achalandées et attirent l’attention. La zone de valorisation la plus volumineuse est celle du rez-de-chaussée, consacrée à la culture flamande. Lors de ma visite, la thématique mise en place était « 1 ville, 19 livres » avec 19 ouvrages (disponibles en exemplaires multiples) sélectionnés par 19 habitants de Bruxelles. 

On sent que la valorisation des collections est une tâche à part entière, réalisée de façon consciencieuse. Une rubrique du rapport d’activité y est d’ailleurs consacrée. J’ai apprécié ces petits détails :

  • L’existence des ressources numérique est régulièrement rappelée dans les espaces, notamment via des petits panneaux en forme de boîte.
  • Une sélection de nouveautés très populaires en exemplaires multiples (des « sprinters ») est proposée à proximité des automates de retour. C’est une offre d’appel intéressante pour les usagers pressés.
  • Certaines étagères basses sont surmontées d’un présentoir sur lequel on peut lire des citations et des phrases inspirantes. De cette façon, le présentoir est intéressant à regarder même s’il est temporairement vide parce que les documents ont été empruntés. Cette petite idée m’a fait penser aux présentoirs sur mesure de la bibliothèque d’Edmonton.
  • Au rez-de-chaussée, dans l’espace consacré à la culture flamande, on trouve le long des vitres des présentoirs rotatifs sur des tiges métalliques. Les documents peuvent aisément être tournés vers l’intérieur où l’extérieur. Ce dispositif permet de créer une véritable vitrine, ce qui est normalement difficile à faire en bibliothèque (habituellement soit le livre est visible de l’extérieur, mais pas de l’intérieur, soit l’inverse, mais dans ce cas, ça marche des deux côtés).

Toutes ces idées souvent simples (mais dont l’accumulation donne une impression générale très satisfaisante) ne viennent pas de nulle part ! Le mobilier de valorisation du rez-de-chaussée a par exemple été conçu par le scénographe et designer d’espace Roos Gellyn. La transformation du 5e étage en makerspace a été réalisée par Ouest architecture. Si vous jetez un œil sur l’album flickR de Charlotte qui date de 2015, vous noterez que beaucoup de détails ont évolué depuis.

On est clairement dans un lieu où l’espace et le merchandising sont pris au sérieux. On est loin du bricolage ou de l’improvisation : l’aménagement intérieur fait l’objet d’une vraie réflexion, d’un véritable investissement financier, et il évolue régulièrement.

Le désherbage intégral des CD et la réponse apportée à la question « Que peut-on faire de mieux sur cet espace ? » me semblent également révélateurs d’un volontarisme dont les bibliothécaires français ne sont pas toujours capables : nous nous attachons trop souvent à maintenir des offres dont l’usage est en chute libre, au détriment du potentiel plus large de nos établissements et de nos espaces...

Le mobilier et l’ambiance générale

Quittons les collections pour nous intéresser aux rayonnages. On retrouve une stratégie fréquente aux Pays-Bas consistant à minimiser autant que possible les travées de mobilier disposées en épis

J’ai déjà évoqué dans un précédent billet de blog le principe des alcôves thématiques. C’est surtout une autre piste qui a été explorée à Bruxelles : une grande partie des collections est concentrée au centre du bâtiment sur un grand volume noir, une tour recouverte d’étagères, qui traverse les 5 étages du bâtiment de bas en haut (à l’intérieur de ce volume, on trouve des bureaux pour le personnel, les ascenseurs, et sans doute des conduits techniques). Le reste des collections est disposé contre les murs, ou bien… en épis. Mais dans ce cas, le mobilier est toujours inférieur à 1m30. 

Encore une fois, il s’agit d’un choix original d’un point de vue français. En France, typiquement, on préfère traiter les rayonnages comme du mobilier plutôt que de les inscrire dans la structure du bâtiment (cette observation est à nuancer quelque peu, car on assiste dans les projets les plus récents à un grand retour des rayonnages intégrés dans l’architecture, généralement dans des zones bien spécifiques). L’argument généralement fourni est la modularité : les rayonnages muraux seraient trop fixes, alors que des meubles sont toujours déplaçables. En réalité, le mobilier de rangement, même sur roulettes, est rarement déplacé, parce qu’il est lourd et qu’il n’y a pas d’autre endroit où le mettre. Tout ce que l’on obtient, en alignant des rayonnages en épis, ce sont de vaste zones de stockage denses, linéaires, monotones et monofonctionnelles. Les bibliothèques avec des rayonnages repoussés à la périphérie de l’espace et/ou intégrés dans les cloisons permettent bien plus de modularité étant donné que l’on dégage des espaces centraux accueillant du mobilier plus bas et plus léger. 

Dans le monde du commerce, on sait que la densité des étagères et la quantité de ruptures visuelles dans une zone sont inversement proportionnelles à l’argent dépensé et au temps passé par les clients en rayon (H. Sorensen, Inside the mind of the shopper, Pearson, 2016). Au contraire, des espaces ouverts, aérés, avec des vues dégagées, que l’on peut balayer d’un seul regard, donnent davantage envie d’être explorés et génèrent plus de découvertes. 

Un autre choix d’aménagement m’a interpellé : qu’il s’agisse de mobilier standard ou sur mesure, les assises sont toutes de facture assez simple. On ne retrouve pas le mobilier luxueux que l’on affectionne en France. Peut-être est-ce parce que le lieu a déjà une personnalité forte qui se suffit à elle-même ? Au contraire, dans les bibliothèques françaises, dont les espaces sont souvent plus neutres et/ou dépourvus de design global, nous sommes forcés d’ajouter des pièces de mobilier coûteuses (signées Vitra, Moroso ou Fritz Hansen) afin de rehausser la qualité des espaces… 

Ce mobilier simple a une contrepartie : à part un code couleur par étage, les ambiances sont très homogènes à chaque niveau et les assises ne sont pas très variées. La personnalité du 5e étage est légèrement plus marquée grâce à son réaménagement récent, et on retrouve certes quelques éléments de déco à proximité de l’espace jeux vidéo. Mais l’étage jeunesse, par exemple, ne se distingue pas beaucoup des autres à part de grandes banquettes/bacs à albums. Pour un établissement aussi grand, j’ai trouvé la zone enfance étroite, et pas forcément accueillante pour des famille ou des enfants.

Le public : beaucoup d’étudiants

Le public semble en fait majoritairement composé d’étudiants. J’ai visité la bibliothèque trois fois, un mercredi et un jeudi, le midi et en fin d’après-midi  (la bibliothèque est ouverte du lundi au vendredi, de 10h à 20h et le samedi de 10h à 18h, soit 58h par semaine). A chaque fois, les places assises étaient principalement occupées par des jeunes gens en train de travailler. 

La fréquentation est forte : 600 000 à 675 000 visiteurs annuels en moyenne entre 2015 et 2019 et 2000 visiteurs par jours environ. Si j’en crois les retours des usagers en ligne, la question des places assises, et la cohabitation entre le public studieux et les autres visiteurs, peuvent être source de conflit : plusieurs avis Google soulignent un déficit de places ou se plaignent du bruit généré par les familles. La présence majoritaire des étudiants dans un lieu voulant toucher un public plus large est un sujet assez classique dans une grande ville.

Je n’ai pas été convaincu par certaines solutions mises en œuvre pour répondre à ce défi, comme par exemple à l’étage jeunesse et au 5e, les panneaux rappelant que ce ne sont pas des lieux de travail (cela n’empêchait pas les étudiants de s’y installer !). En revanche, je trouve intéressant le système « Book a place » qui permet de réserver sa place en ligne (dans l’ensemble de la bibliothèque et pas seulement dans la salle d’étude). C’est un service à ma connaissance rarement proposé dans des bibliothèques non académiques.

La médiation…

Le point qui m’a le plus interpellé dans ce que j’ai observé est la médiation. Le personnel est principalement posté derrière deux comptoirs massifs au rez-de-chaussée et au niveau 1. Lors de mes visites, des plateaux entiers étaient vides de toute présence professionnelle.

A mon retour de Belgique, j’ai lu sur le blog de la bibliothèque Louise Michel, un article très stimulant d’Hélène Certain que l’on peut considérer comme un manifeste d’une vision du métier axée sur l’accueil : «  [Dans la bibliothèque Louise Michel], les bibliothécaires se considèrent moins comme des pourvoyeur·euse·s de culture que comme des animateur·ice·s du lieu […] L’objectif premier […] c’est de faire en sorte que les usager·e·s sentent qu’il y a une place pour chacun.e dans ce lieu […] Nous sommes avant tout des ambianceuses et ambianceurs de bibliothèque, à nous de rendre aux gens la vie agréable et légère au moins l’espace d’un instant. »

Muntpunt est à l’opposé de ce modèle ! L’équipe compte 70 ETP (et je ne pense pas que tout le monde fasse du service public) + une vingtaine de bénévoles. En France, dans un établissement de cette superficie et avec ce volume d’ouverture, on trouverait facilement 2 fois plus de personnel salarié, voire même davantage (à Paris, il faut plus de 200 titulaires et une armée de vacataires pour permettre à la Bpi d’ouvrir 62 heures par semaine). Pour économiser des effectifs, on mise clairement sur l’autonomie et l’autocontrôle entre usagers.

Concrètement, cela semble fonctionner : l’atmosphère était très paisible lors de mes visites. J’ai noté cependant quelques phénomènes d’annexion de l’espace par des groupes. La zone jeu vidéo par exemple, était accaparée par de grands gaillards occupant de façon ostentatoire leur territoire. Je pense que la présence d’un médiateur aurait pu rendre cette zone plus inclusive pour des usagers plus jeunes, plus âgés, ou de sexe féminin.

Si je m’en tiens à mon expérience personnelle, je n’ai pas trouvé le personnel très commode. Je me suis fait sévèrement sermonner parce que je prenais des photos, sans volonté de discussion de la part de la personne qui m’a interpellé depuis son comptoir… alors qu’on m’a donné l’autorisation des les publier après une demande par mail. Il est inutile de monter en épingle un micro-évènement comme celui-ci, mais il me semble révélateur d’un positionnement du personnel comme surveillants (un peu comme des gardiens de musée), plutôt que comme médiateurs.

Toujours dans le registre de l’hospitalité, j’ai été étonné de constater que les toilettes était payantes, y compris pour les enfants « à partir d’1m30 » (sic). Cela ne me semble guère compatible avec la philosophie d’un tiers-lieu largement ouvert, où l’on souhaite que le public séjourne longuement. Cependant, des bibliothécaires belges m’ont indiqué que c’était généralement la norme dans le pays.

Vous l’aurez compris, je ne retiens pas 100% du modèle flamand. Cependant, plusieurs stratégies spatiales peu répandues chez nous me semblent intéressantes à reproduire. Et vous ? Que pensez-vous de la « bibliothèque d’expérience » d’inspiration néerlandaise/flamande ?

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